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2008 : Yves Lefebvre



Le sculpteur du fil de cuivre

Yves Lefebvre est intervenu deux fois en construisant :

 une crêche en fil de cuivre et coton (2005)
 KIRIBATI : une barque, métaphore du passage, et notamment des immigrés, lors de la nuit blanche 07 "Gare aux anges".

Il a été en résidence à Saint Merry de la mi-juillet jusqu’à la Nuit Blanche et a entretenu de nombreuses discussions avec les visiteurs, tout en sculptant.

Vous pouvez encore voir à Saint-Merry :

 L’Albatros dans le transept côté entrée rue de la verrerie
 La Barque des immigrants, en réparation, dans une chapelle latérale.

YL_nuit_blanche_08.jpg
DC:100

Yves Lefebvre est intervenu deux fois en construisant :

 une crêche en fil de cuivre et coton (2005)
 KIRIBATI : une barque, métaphore du passage, et notamment des immigrés, lors de la nuit blanche 07 "Gare aux anges".


Interview d’Yves Lefebvre

Yves, si tu devais donner quelques mots, les tiens, sur la Nuit Blanche ?

Atmosphère, quiétude, grande attention…ces mots sont ceux qui pour moi sont ce qui ressort du travail de lumière de Benoît Collardelle l’éclairagiste et de Fabien Nicol l’ingénieur du son. Voilà ce qui a structuré toute la soirée.

Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois au printemps, tu m’as dit que tu désirais travailler dans l’église à plein temps, la nuit comme le jour, pourquoi cette demande ?

Parce que pour moi ce bâtiment, à lui seul, crée une atmosphère de travail. J’ai pris conscience, la première fois que je suis venu pour faire la crèche (en 2004 ?) que ce bâtiment portait une histoire, celle du travail des hommes qui l’on conçue et construite. Ce travail humain me resituait moi même et mon travail, dans l’histoire et dans le temps, dans ma propre histoire.

Le bâtiment église a donc été important pour toi et ton travail en a-t-il été influencé ?

Non seulement influencé mais bouleversé ! J’étais venu avec des idées un peu précises sur la manière dont j’allais travailler, en fonction des mes précédentes œuvres. Mais une fois sur place, il a fallu faire avec le lieu : des piliers soutiennent une voute… eh bien mon travail va être aussi porté par les piliers ; je tends 3 fils entre 2 piliers et voilà, un volume qui prend corps : c’est la barque !

Je ne travaille plus comme à l’accoutumée à partir du sol et en montant pour trouver l’équilibre, mais à partir de la structure de l ‘église : des piliers qui soutiennent ! C’est physique, c’est tout !

Là commence le doute, je ne suis pas habitué à travailler ainsi mais ma recherche de l’équilibre et de la justesse y trouve son compte et le minimum vital pour avancer est là : 3 fils.

Tu as travaillé tout l’été dans cette chapelle dite de la communion et l’église était ouverte tous les jours et l’été les passants sont pléthore ! Comment as-tu pu continuer à travailler sans t’isoler dans un coin ou tout simplement faire comme si tu ne voyais personne ?

Pour moi le regard des autres est essentiel dans mon travail. J’ai besoin de ce dialogue, de cette confrontation ; les passants entendent mes questions, ils m’interrogent et me demandent d’aller plus loin, de continuer. Je suis en quelque sorte confirmé dans ma recherche.
J’ai toujours pris le temps d’écouter et de répondre à ceux qui venaient me voir. Le regard du public est primordial, « ça se mérite », exposer n’est pas anodin, je ne peux pas imposer mon travail.

Si le passant te demande ce que tu cherches en faisant ce travail, que lui réponds-tu ?

« J’ai des choses à dire, oui à dire : je tiens mon fer à souder dans mes mains exactement comme un stylo ! Je cherche à faire des jolies choses, des choses qui ont du sens. Quand les choses sont suffisamment pensées et travaillées, qu ‘elles sont belles, elles disent par elles même ce qu‘elles ont à dire. J’ose presque dire que je prends le contre-pied du nihilisme ambiant je désire le sublimer en créant de belles choses. Je désire faire toujours plus, si on ne fait pas mieux… on ne sert à rien ! Je recherche l’équilibre à partir des simples lois de la physique. L’essentiel de mes pensées tourne autour de cette notion d’équilibre. Je ne cherche pas l’absolu, il n’existe pas ! ce n’est qu’un notion platonicienne, une vue de l’esprit. Chercher l’absolu ce n’et pas avoir les pieds sur terre…

La Nuit Blanche est passée, tu as repris ta vie et ton domicile. Peux-tu continuer à vivre comme avant ces mois et cette œuvre qu’est la Barque ?

Oui et non car maintenant je suis sûr que je ne peux plus vivre sans ce travail de création. J’en doutais totalement avant. Je doute toujours, mais ce n’est plus le même doute. Si je ne doutais pas, je ne serai plus capable de faire un travail de création ! de faire de « belles choses ». Ce temps passé dans l ‘église m’a donné une volonté acharnée de prendre MON temps, le mien, celui de personne d’autre.
J’ai pris conscience de vivre.

Propos recuillis par Florence Carillon (septembre 2008)

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DC:99

KIRIBATI

Les 105.000 habitants de cet archipel du Pacifique seront les premiers à voir leur pays englouti sous l’effet de la montée du niveau de la mer. (Océanie)

Une sculpture de Yves LEFEBVRE (France) en dentelle de fil de cuivre, flottante (volante ?) à mi-hauteur dans le transept, accompagnée d’un Albatros . Peut-être un de ces bateaux sur lesquels s’embarquent les « anges » (mot utilisé pour parler de l’immigré dans cette nuit blanche) pour traverser la mer jusqu’à chez nous, parfois se noyer, œuvre terriblement onirique évoquant une réalité simplement terrible .

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