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Le Clown. Une figure qui s’échappe



Le clown n’a pas quitté le cirque. Sa figure est instrumentalisée pour des motifs très différents, des McDo aux lieux de développement personnel. Il est surtout sujet de l’art contemporain et allié de l’artiste. Panorama.

Jacques Mérienne. Bethléem au Forum

Dans sa crèche de Noël 2021 à Saint-Eustache, « Bethléem au Forum », Jacques Mérienne a ajouté un panneau absent initialement : une face de clown criant à gorge déployée.
Réduit à une simple figure, il clame un message qu’un enfant (et l’oiseau) écoute. Le clown est maquillé et doté de son nez rouge, le symbole universel du personnage, le plus petit des masques depuis la Commedia dell’arte. On peut lire cette scène minimaliste comme une interprétation de l’Évangile de Luc : l’enfant comme figure du simple et des bergers ; le clown comme figure de l’ange annonciateur. Il crie une vérité, une bonne nouvelle : Noël. L’œuvre est un dessin d’ethnographe sur la société de l’hyper centre parisien. Tout est actualisé et transposé dans le centre de Paris.
L’importance du clown est réduite à la bouche, une voix dessinée et une main en « porte-voix » (Lire >).
L’injonction à l’enfant « Fais pas le clown » est devenue « écoutez-moi bien, adultes et enfants, je suis clown et je vous révèle quelque chose d’enfoui, un mystère  ».
La présence inhabituelle d’un clown dans cette crèche est l’occasion de revisiter sa place dans la société d’aujourd’hui, notamment dans l’art.

Le clown n’habite plus seulement l’espace des cirques. Il est au théâtre, dans les hôpitaux, dans les traitements psychologiques, dans les retraites spirituelles, dans les manifestations de rue. Le clown est plastique, c’est un personnage, étymologiquement un masque.

Il est aussi très présent dans l’art contemporain

Le clown : un imaginaire d’enfance détourné

L’Auguste et le Clown blanc

Dans l’imaginaire de notre enfance, le clown est simplement duel : le Clown Blanc souriant, le roi de la piste, et Auguste, de couleur, maugréant, avec son nez rouge. Leur histoire >est liée à celle du cirque traditionnel.
Comme celui-ci a évolué >, le clown a pris moins de place et est sorti de ce lieu du divertissement : non le blanc, la figure poétique, mais l’autre, la figure désarmée face à la vie, celui qui exprime l’intériorité ou une part de l’inconscient collectif. Il est désormais ailleurs. Le clown par son art révèle les « univers personnels » et professe des « propos métaphoriques ». (Écouter France Culture > )

C’est ainsi qu’est apparu le "Clown intervenant social" (Certification de formation, RS n°5564 de France compétences), au centre de multiples activités, dont la finalité est commune "Découverte de son propre clown" (Lire site Bataclown, Compagnie de clown théâtre > )

Il est présent dans les stages de formation des entreprises ou lors de leurs grandes réunions annuelles, on parle alors de clown analyste ( voir ).

Clowns analystes dans une convention d’entreprise

Par ses attributs de révélateur, il est mobilisé dans ce qu’on appelle le développement personnel. « Le clown personnage est porteur de toutes les contradictions et les paradoxes qui nous habitent. Il nous invite à les accueillir, même s’ils nous dérangent. […] Il est question de faire confiance à notre ressenti, à l’expérience corporelle….et de s’appuyer sur une intention. Découvrir son clown intérieur permet de gagner en liberté intérieure  » peut-on lire sur le site Internet d’une thérapeute.
Il s’est niché dans des retraites spirituelles ( par exemple : « Le clown, chemin d’intériorité » mobilisé par la spiritualité ignacienne.) Certains vont plus loin encore : « Il y a une similitude entre la figure du Christ et celle du clown » affirmait Yves Patenôtre, archevêque émérite de Sens-Auxerre et prélat émérite de la Mission de France (propos relevés sur un site Internet > )

Ce n’est pourtant pas la figure dominante, car aujourd’hui, le clown est loin d’être seulement une affaire d’intériorité. Il est partout, il est devenu un symbole de la consommation, un repère dans la ville : c’est Ronald McDonald que 96% des enfants américains connaissent, aussi populaire que le Père Noël !

Les McDo à Paris et intervention de Bansky à New York en 2013 (© site Bansky)

À une époque où les émotions sont mobilisées volontiers, il est ici attaché à un slogan « Venez comme vous êtes ». Mais, revers de la médaille, il fonctionne aussi autrement : il est le support de la critique de la société dans son ensemble, par les artistes et les activistes.

Et bien sûr, il est dans la rue lors de manifestations avec le masque de Guy Fawkes ( personnage historique anglais du XVIIe) avec son large sourire, à moustaches, ses joues colorées, mais sans nez rouge. C’est le masque partagé par les « hacktivistes » Internet du collectif Anymous. Le personnage du bouffon n’est plus dénonciateur par ses mots, il est devenu acteur perturbateur.

Site des Anonymous

Mais comment l’art contemporain a-t-il utilisé la figure du clown ? Très différemment de l’art moderne.

Le clown dans l’art contemporain. Figure tragique ou figure spirituelle ?

Le clown est une figure universelle aux multiples facettes, qui était associée à l’univers des enfants, mais dont les adultes se sont saisis. Il opère, parfois de manières désarçonnantes voire inquiétantes, une fonction de miroir pour celui qui le regarde, mais aussi pour la société tout entière.

Jean-Antoine Watteau, Pierrot, 1718

Dans l’histoire de la peinture, le Pierrot de Jean-Antoine Watteau (1718) est la référence fondamentale encore que sa composition demeure toujours mystérieuse.

Ce clown blanc, énigmatique, est un solitaire et un incompris, avec une petite société à ses pieds dont on ne sait rien, dans un paysage où un arbre a des oreilles. Watteau, qui avait une grande connaissance des codes de la Commedia dell’Arte, exprime une double personnalité, équivoque, lunaire. Cette sensibilité et cette référence vont être reprises régulièrement par des artistes avec des représentations d’un clown très humain.

Chez Henri de Toulouse Lautrec, la figure bascule du côté du tragique, quitte à faire un détour par le rire.

Toulouse Lautrec . La clownesse (1896) – Photo (1894)

Si l’artiste a pris, dans les années 1890, comme modèle la clownesse Cha-U-Kao, qui travaillait à la fois pour le cirque et les cabarets, il aimait se faire photographier comme clown, dans l’autodérision de son infirmité de nain, tentant de se rendre ainsi sympathique. Picasso, de son côté en 1917, après sa période cubiste, poursuit ses recherches figuratives et peint un clown bleu à l’occasion du décor du ballet « Parade », musique d’Érik Satie et texte de Jean Cocteau : un acte de résistance poétique à l’époque morose de la guerre.

Max Beckmann, Autoportrait comme clown, 1921, Von der Heydt Museum, Wupperta)

Max Beckmann, lui aussi utilise la figure du clown, mais dans son « Autoportrait comme clown » (1921) cet artiste allemand exprime le vide de l’après-guerre. « Le clown est le double désabusé du peintre dans un monde privé de ses valeurs, qui contraint les hommes, confrontés à un vide intérieur, à jouer des rôles dont ils sont prisonniers et utilise la figuration et le grotesque [1]. »

Georges Rouault s’exprime dans un autre registre : affirmer le lien entre le clown et la figure du Christ, car l’artiste est un chrétien mystique.

Tête de clown tragique, 1904. Kunsthaus Zürich et Clown blessé, 1932, Centre Georges Pompidou

Pour en arriver là, son art a évolué en fonction notamment de données personnelles. Ayant eu comme maître Gustave Moreau, représentant du mouvement symboliste, il est en devenu le disciple spirituel. La mort de ce dernier en 1898 l’affecte beaucoup. Il ressort de son épuisement en 1902 en peignant frénétiquement. Dans ces moments, il est soutenu par le couple philosophe catholique Jacques et Raïssa Maritain dont il restera très proche. Parmi les multiples séries qu’il peint, des clowns et des Christ qui présentent d’étonnantes proximités formelles par leurs traits et leurs couleurs [2] .

Georges Rouault en 1904. Deux exemples de ses séries. Source : Isabelle Saint-Martin

À partir de 1903, ses clowns, ses écuyères traduisent l’absurdité de l’existence et apparaissent comme les alter ego de l’artiste. Son personnage est un pantin, isolé, mélancolique. À propos de « Clown » (1910-1913), il dit « J’ai vu clairement que le « pitre » c’était moi, c’était nous [3] » Mais révolté par les situations d’injustice, (sous l’influence notoire de Léon Bloy), il va superposer les images de clown et de Christ. À propos de « Clown blessé » (1932), il déclare « Peut-être le Clown blessé est-il aussi religieux que certaines compositions de titre biblique ». Le rapprochement est encore plus explicite quand il peint, de face, plusieurs figures du Christ aux outrages en reprenant les postures de certains de ses clowns.

Clown, 1918-1922, Musée de Cincinnati et Passion, 1947-1948, Centre Georges Pompidou

Le clown contemporain conserve le tragique [4], mais certains artistes réintroduisent aussi le comique, le clownesque que l’individu ait les habits traditionnels ou non comme Buster Keaton ou Charlie Chaplin dans leurs films. Le clown se reconnaît plutôt dans le comportement.

Christian Boltanski, Les Saynètes comiques : Pleure, Rire, 1974 — Photographie noir et blanc, crayon pastel

En 1974,Christian Boltanski était dans cet esprit. Alors qu’il n’avait pas encore accédé à la notoriété, il a pris aussi les traits du clown dans une œuvre s’intitulant « La Mort pour rire » : des séries de photographies en noir et blanc, des films et de grandes affiches coloriées au pastel. Elles ont fait l’objet d’une présentation à la galerie Marian Goodman en 2018.

Le comique très particulier de ces saynètes tient à l’inversion des rôles. Car d’ordinaire, c’est l’enfant qui joue à faire l’adulte : il joue au papa et à la maman, au docteur, à conduire une voiture, etc… alors que chez Boltanski, c’est au contraire un adulte qui fait l’enfant, et ce renversement produit un effet pervers de régression qui peut gêner ceux pour qui l’art devrait être une activité à prendre au sérieux.

Christian Boltanski, Les Saynètes comiques : Pleure, Rire, 1974 — Photographie noir et blanc, crayon pastel

C’est vraiment très faux. Tout est totalement inventé, ça tourne autour d’une enfance tout à fait commune avec parfois, ce qui m’amusait, des allusions vaguement psychanalytiques affirmait l’artiste. Des épisodes du même type (Le reproche du grand-père, Le repas forcé ou encore La réprimande injuste, etc.) sont joués dans un film où Boltanski tient le rôle d’un de ses parents ou de son grand-père et une poupée de ventriloque déguisée en jeune enfant celui du « Petit Christian ».

Cindy Sherman, Photographie, 2003 et Bruce Nauman, 1987, Vidéo

Bruce Nauman (né en 1941 à Fort Wayne en Indiana) a produit des œuvres majeures qui ont essaimé ensuite dans tous les arts, comme l’ont fait de leur côté Andy Wharhol ou Marcel Duchamp. Alors que ce dernier avait coalisé les enjeux de l’art moderne au début du siècle, Nauman, cinquante ans plus tard, va, lui, traiter des questions de l’esthétique de notre temps en remodelant le corps et les objets, l’image et le langage, le sublime et la banalité, la violence et le pouvoir [5]. Il examine la condition humaine contemporaine, comme son ami Samuel Beckett, en usant de la répétition des images et des boucles si chères à la musique minimaliste. Dès 1987, le clown devient, non pas son alter ego, mais le personnage qui aborde toutes ses questions, jusqu’à l’entêtement dérangeant pour le spectateur.

Foin du clown blanc poétique : « Clown Torture », est une œuvre vidéo, sans début ni fin qui se présente sous plusieurs variantes. L’artiste brise les codes du clown.

L’une utilise quatre écrans simultanés avec quatre « présences » de clowns qui racontent la même histoire. Le masque et le maquillage créent une idée générique de l’homme déconcertante : tantôt enfermé dans des toilettes, tantôt debout dans une pièce noire ou encore les jambes en l’air dans un studio vide, le personnage crie et pleure, exprimant simultanément la colère, la frustration et la tristesse ; les clowns portent des costumes différents, avec tous leurs attributs (grandes chaussures, pantalons, etc.). On imaginait qu’ils égayeraient un monde ordinaire, ils semblent ici basculer dans la psychose et suscitent l’effroi. On ne peut pas communiquer avec eux. Ils ne sont pas muets, ils hurlent, ils révèlent leur dose de cruauté. Dans une autre version de la série, le spectateur est placé entre deux vidéos de deux clowns qui s’interpellent dans un jeu d’agressivité et d’humiliation.
Cette manière d’aborder ce personnage, très éloignée de la Commedia dell’Arte, plonge le spectateur dans une situation d’étouffement, d’angoisse et interroge les limites de la communication humaine.
Au fond, Nauman vient contester l’art comme moyen de représenter l’homme et ses émotions, et ce faisant il s’offre aux sarcasmes du visiteur soumis à une telle expérience.

Ugo Rondinone (né en 1963 à Brunnen en Suisse) est dans le sillage de Nauman, mais d’une tout autre façon : des clowns en différents mannequins, très travaillés, avec des habits flashy, aux couleurs LGBTQ, immobiles, affalés sur le sol ou s’appuyant sur les murs.

Ugo Rondinone, Vocabulary of solitude, 2015, milled foam and epoxy resin, fabric, 89 x 75 x 116 cm, Musée Boijmans

Dans son livre L’art contemporain est-il chrétien ? Catherine Grenier qualifie l’artiste de clown métaphysique, non pas triste, mais indifférent, impavide, refaisant des actes de la vie ordinaire. « Créateur d’ambiance [Ugo Rondinone] introduit avec cette désactivation de l’amuseur un hors champ pathétique, mais qui fait tout de même sourire, une forme de mal-être nostalgique qui s’impose au visiteur. »

Cet effet est redoublé quand l’artiste installe une vingtaine de ses clowns dans une même salle, comme dans la grande exposition sur l’enfance et les rites de passage, été 2018 au Palais de Tokyo,« Encore un jour banane pour le poisson-rêve » >. Le visiteur pouvait errer dans les non-évènements de sa vie quotidienne, animé par le bonheur ou la tristesse transpirant des clowns, sur un fond de grande solitude.

Ugo Rudinone Palais de Tokyo, 2018

Avec une position d’apesanteur de l’artiste et de l’art, ses œuvres offrent une identification du spectateur à l’artiste, via le clown, jusqu’à parler d’un « travail sur l’âme », une « expérience de transcendance du réel  ». En utilisant des images de publicité, avec son visage grimé, Rondinone propose aussi des êtres hybrides dans une image quasi parfaite, très ambiguë. Les clowns de Rondinone ont les traits de ceux au repos de Toulouse Lautrec : « Le corps est veule, avachi : porteur de lassitude et d’angoisse » (Jean Laude cité par Catherine Grenier).

L’angoisse de mort fait un détour par le sourire. Mais, n’y aurait-il pas pire ?

Les frères Jake (né en 1966 à Londres) et Dinos Chapman (né en 1962 à Cheltenham) utilisent une figure opposée du clown. Ils sont dans la provocation permanente, avec leurs visions d’épouvante de l’exploitation de l’homme par l’homme, de la destruction opérée par le capitalisme industriel et financier. Leurs dessins et surtout leurs immenses maquettes des pires atrocités des guerres sont des œuvres que les grands collectionneurs s’arrachent.

Ces représentants emblématiques des Young British Artists ne cessent de décrire l’enfer, à la manière d’un Jérôme Bosch, jusqu’à soulever le cœur. « Nous cherchons à récupérer toutes les formes de terrorisme afin d’offrir au spectateur le plaisir d’un certain type d’horreur, d’un certain type de convulsion bourgeoise » ont-ils déclaré un jour. Dans cet art qui pose question par les effets qu’il provoque, le clown peut apparaître dans des scènes de combat, comme, dans Fucking Hell >, la figure d’un Ronald McDonald crucifié à foison, un symbole violent de l’imaginaire enfantin, mais aussi commercial sacrifié aux intérêts portés par les guerres.

Tous les repères de l’innocence sont brouillés ; ce qui compte n’est plus la figure du clown, mais la réaction qu’il provoque chez le spectateur. Si l’on peut être choqué, on peut aussi se remémorer les multiples tableaux du Massacre des Innocents qui utilisaient les codes de leur temps pour peindre l’horrible. Le spectateur s’était habitué à ce type de représentation de la violence, les frères Chapman la revisitent.

Catherine Grenier utilise le terme de « Clown de l’infâme  » pour d’autres artistes, comme le cynique Maurizio Cattelan connu pour son œuvre sacrilège sur la mort de Jean-Paul II, « La nona ora > », où le Pape est traité comme un clown blanc mort.

Le Joker, film de Todd Phillips, 2019

C’est à ce courant du clown pervers qu’il faut rattacher les quatre principaux films du Joker et notamment le dernier de Todd Philipps, qui se termine sur une insurrection de laissés pour compte, habillés en clowns, contre la société du spectacle, politique compris. Lire l’intéressante comparaison des quatre profils psychologiques >.

Entre le clown dessiné par Jacques Mérienne « Bethléem au Forum » et cette figure mythique de noirceur du Joker à « Gotham city », le fossé est immense.

L’un annonce, l’autre dénonce.
Entre les deux, certains artistes ont glissé quelques clowns christiques.

Jean Deuzèmes 


[1Catalogue de l’exposition au Centre Georges Pompidou, 2002-2003.

[2Photo suivante extraite de la conférence en ligne d’ Isabelle Saint-Martin « Sainte Face et visages du Christ dans l’art du XXe siècle », donnée au Collège des Bernardins le jeudi 10 février 2022

[3“Pitre”, c’était moi, c’était nous… Cet habit riche et pailleté, c’est la vie qui nous le donne… J’ai le défaut… de ne jamais laisser à personne son “habit pailleté”. Fut-il roi ou empereur, l’homme que j’ai devant moi c’est son âme que je veux voir… » Lettre à André Schuré, 1904.

[4Bernard Buffet, peintre expressionniste, que certains rattachèrent à l’existentialisme, a dû une partie de sa notoriété à la production massive de clowns tristes plaisant au public, dans les années 50.
Il avait su refléter l’humeur mélancolique et remplie d’angoisse de la société française n’ayant pu éliminer le spectre de souffrance et de privation de la guerre. Lire >

[5Le Centre Georges Pompidou lui avait consacré une grande exposition fin 1997. Mais l’artiste n’a pas cessé de pousser ses expérimentations.

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