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Victorine Müller. Le mouvement végétatif
Sur le Socle : Une extraordinaire œuvre gonflable pour exprimer la vulnérabilité et la préciosité de ce qui est en train d’advenir : la nature, humaine, végétale et animale.

Avec la double structure gonflable en polyuréthane de l’artiste suisse Victorine Müller, le Socle Paris n’est plus destiné à exposer une statue traditionnelle (un héros, un cavalier, voire un dictateur comme « Debout.Le Roi des trous ») en bronze, en pierre ou en matériaux mixtes, mais à soutenir de l’air et de la lumière. La matière du socle ne sert plus à résister au poids d’une sculpture, mais à révéler la légèreté d’une œuvre.
L’objet léger et brillant exprime la vulnérabilité et la préciosité de ce qui est en train d’advenir : la nature, humaine, végétale et animale. C’est un objet menacé de l’anthropocène, une création d’actualité par sa signification.

"Le mouvement végétatif" de Victorine Müller, artiste suisse vivant et travaillant à Zürich, est une œuvre que l’on ne s’attend pas à voir dans un espace public aussi fréquenté que la rue Saint-Martin. Il a fallu d’abord imaginer et fabriquer la structure qui la mettrait en valeur et la retiendrait des bourrasques de vent : la spirale très fine a été réalisé par un artiste-artisan ferronnier, Nicolas Amar, et le montage en lui-même fut une prouesse technique de Thomas Monnier, régisseur. Ensuite, le collectif 6M3- Le Socle Paris a pris le risque d’exposer cette double forme de polyuréthane (0,5mm d’épaisseur), le risque étant l’objet même de l’œuvre : montrer la fragilité, la partager et faire le pari d’une responsabilité collective des spectateurs pour la préserver.
Toutes les œuvres de Victorine Müller (des animaux, des végétaux, des êtres imaginaires) sont imaginées avec le même matériau. Elles célèbrent la vie et la nature et connaissent un écho croissant dans le monde germanophone. Elles sont poétiques et, pour ce projet, l’artiste fait référence au grand poème de Rainer Maria Rilke, « Tu ne dois pas chercher à comprendre la vie [1] ».

La grande peau transparente d’apparence fragile enveloppe un être tout aussi transparent, une énergie végétative, un élan de vie.
La réflexion de la lumière sur cette enveloppe transparente donne à l’œuvre une sorte d’aura tandis que la membrane séparant l’extérieur de l’intérieur protège ses « entrailles », les deux ayant la même valeur visuelle. La peau et l’intime changent ensemble d’aspect, en fonction de l’éclairage du jour ou de la nuit ou du reflet de l’environnement proche et des passants.
Aux cinq installations précédentes sur le Socle, toutes différentes les unes les autres, succède ainsi une œuvre où l’imagination de l’artiste et la finesse du montage sont en complet accord. La vie est un risque et un absolu commun à protéger à l’heure du changement climatique.
Site de l’artiste
www.lesocleparis.fr
Jean Deuzèmes
En partenariat avec Pro Helvetia, Swiss Art Council & Rocamat, producteur de pierres
& Nicolas Amar, artisan serrurier ( nicolasamar@yahoo.fr )
Œuvre visible jour et nuit
Juillet-octobre 2022
80 rue Saint-Martin
75004 Paris
[1] Tu ne dois pas chercher à comprendre la vie
Elle sera dès lors pour toi comme une fête.
Laisse chaque jour te combler
Comme un enfant qui passe
Se voit comblé de fleurs
Par chaque brise.
Il ne lui vient pas à l’esprit
de les ramasser ni de les garder.
Doucement de sa chevelure,
tendre prison, il les enlève,
et à ses chères jeunes années
il tend les mains pour avoir d’autres fleurs.
Rainer Maria Rilke
(composé , 8.1.1898)
Messages
1. Victorine Müller. Le mouvement végétatif , 18 août 2022, 22:09, par Marguerite
Cela fait rêver.
C’est comme un symbole, une idée, qui apparaîtrait un peu visible.
Je suis heureuse aussi que ce grain si fragile puisse être au sein d’une ville comme Paris.
Merci à tous !