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ANNE DE BODT

mercredi 18 septembre 2024

Ses modestes radeaux sont faits de fragments de bois associés et de voilures tissées. Quoiqu’immobiles, ils sont le voyage, notre voyage de vie. Ils sont l’instant que l’on sait éphémère, le jour qui jamais ne revient et qui va, au fil des hasards. Ils accueillent le blanc et la translucidité parce que les petites mains qui les ont construits ont invité la lumière à les vêtir.

Radeau du bonheur, 1999.

Anne de Bodt (1931-2023) était entrée en art comme on entre en religion en 1949. L’œuvre suivrait. Elle ne précéderait pas le travail intérieur qui la mènerait vers la pratique du licier. Celle du fil entrelacé, si mince quand il est de soie, si émouvant quand il capture les reflets de lumière. Une patience qui est aussi celle de la lecture et de l’écoute des musiques du monde. Un besoin nourri à son tour par les grands textes de la mythologie, des religions, des philosophies et plus encore des poésies. Dans son atelier bruxellois, qui ouvre sur des arbres centenaires, elle accueillit aussi le silence. Elle nouait, assemblait, accordait et souvent même, introduisait au cœur de certaines tapisseries qu’elle nomma « bibliothèques du silence », des phrases presque illisibles dont elle s’était abreuvée. Parfois, des éclats d’or. Parfois des signes d’une écriture inventée. Ses œuvres déclinent aussi d’autres thématiques comme celle des enclos, des pagodes ou des arbres de vie, parfois, elles renvoient à une abstraction méditative qu’elle rencontra lors de ses séjours en Californie.

Bruxelles, Galerie Devillez. 53 rue Emmanuel Ven Driessche (1050). Jusqu’au 29 juin 2024
www.galeriedidierdevillez.be