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Damien Pasquier-Desvignes. Passage



Mars - avril 2010

Damien Pasquier-Desvignes est un sculpteur qui maîtrise aussi bien le bronze, le métal, que le marbre. Il ne cache pas ses sources d’inspiration : les textes bibliques, la condition humaine notamment et plus profondément l’Afrique et ses déserts.


Parmi bien des œuvres qu’il aurait pu présenter, il en a choisi deux qui s’inscrivent dans le temps spécifique de Pâques, rassemblées ici sous le titre Passage.

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Deux plaques de marbre noir de Volos (Grèce) entaillées, des lignes épurées, relevant du dessin à main levée, immédiat et définitif à la fois. Des traits blancs révélés au cœur même d’une matière plane, noire et mate. Des signes qui surgissent, se lèvent et se lisent en mouvement, en visage, en personnage, en symboles …

Une lumière rasante pour révéler le passage précis du sculpteur.

Des œuvres minimalistes qui par leur pluralité de lecture possible, du motif rupestre à l’approche la plus contemporaine du design, donne toute la place à la vie, à la joie d’une nouvelle incroyable.

Des œuvres qui ouvrent.

Damien est aussi un artiste engagé dans le monde et au CPHB, au groupe Accueil, à l’ACAT.

Voir ci-après « Passage », les œuvres de Damien rassemblées ici par grandes familles en vidéo, une entretien avec l’artiste, et ses commentaires sur sa propre œuvre…


Œuvres présentées dans le claustra

La Résurrection-65x50cm

Le Christ en croix-65x50cm


Découvrez les autres sculptures de Damien Pasquier-Desvignes


Entretien avec Damien Pasquier-Desvignes

Pourquoi des sculptures plates en marbre noir ?

Le travail du marbre noir dans mon parcours est une histoire amusante qui a commencée par la récupération sur le trottoir, près de l’atelier que j’occupais alors à Montreuil, de restes abandonnés d’une cheminée démontée ; mis de côté en me disant : « ça servira », l’idée a peu à peu germé d’entailler ces surfaces pour y reproduire des figures, sous l’influence et dans la mémoire des très belles gravures sahariennes d’il y a sept mille ans - plateau de Dider au nord de Djaneten Algérie.

Quelles questions de sculpteur as-tu voulu aborder avec ses deux panneaux ?

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DC:138

Il m’a fallu pousser mes recherches graphiques, trouver un marbre noir permettant de traduire mes idées et le préparer spécialement, c’est à dire obtenir par le poli une surface suffisamment noire tout en conservant la matière. Et bien sûr, il m’a fallu trouver par l’entaille une autre dimension, adapter des outils pour ce travail et enfin passer à la réalisation.

Comment choisis-tu les matériaux ?

Le choix d’un matériau n’est pas neutre pour moi. Il importe à l’extrême lors de l’appréhension d’un sujet. Aussi tantôt la rencontre d’un matériau, d’un marbre particulier (Rosso Laguna pour la série des « Cris » ou Bardiglio pour les Cariatides) fait remonter à la surface des idées en sommeil et s’impose, tantôt c’est l’idée qui conduira au choix , marbre ou bronze (par exemple le bronze pour les Insectes ou « La Pensée ») ; enfin les deux peuvent se conjuguer comme ici pour le marbre noir de Volos.

Le marbre qui nous a été donné, préparé par la création depuis des millions d’années , la lumière d’un bronze portent pour moi une dimension contemplative que je voudrais toujours présente dans mon travail – expression d’une action de grâce

Combien de temps cela prend-il de faire de telles œuvres ? Où travailles-tu ?

Le temps passé ? Aucune idée. Cela importe si peu ! « Le temps ici n’est pas une mesure. Un an ne compte pas, dix ans ne sont rien. Etre artiste, c’est ne pas compter, ... ». (Rainer Maria Rilke). Peut-être étaient elles en préparation depuis mon baptême, le jour où j’ai reçu l’Esprit saint ! Les lieux : plusieurs mois en Italie, où je choisis mes marbres et les dégrossis.

En quoi ces œuvres qui sont à l’interface du dessin et de la sculpture, de l’abstraction et du symbolique, de l’archaïque du signe à l’expression la plus contemporaine, s’inscrivent-elles dans l’ensemble de ton œuvre sculptée ?

Dans mon travail se trouve toujours la recherche du dépouillement, de l’ellipse, de la simplification, tant dans la ligne, comme pour certaines sculptures non représentées ici où la ligne suggère le volume, tant dans le volume lui-même ; et à cet égard l’étude des insectes depuis le commencement de mon activité est significatif.

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Il en résulte une certaine monumentalité présente dans mes sculptures, c’est à dire que toutes, ou presque, pourraient être agrandies sans aucun problème ; elles possèdent en elles-même cette force qui me dépasse. « Terminées », ou plutôt mon travail terminé, elles ne m’appartiennent plus, restant totalement ouvertes au spectateur.

Tu as de nombreuses photos de paysages africains chez toi. Quel est le lien avec ton inspiration ?

Les photos de paysages que tu as pu voir chez moi sont des photos du Sahara, un extraordinaire jardin de sculptures ; et peut-être ceci explique aussi cela. Et, toute proche, la sculpture africaine tient une place significative dans ma vie.

De quelle nature sont tes liens avec le public, tes clients, éventuellement tes commanditaires ? Tu exposes en galerie. Explique-nous les liens ou obligations que cela induit

Il est nécessaire, à un moment, de se tourner vers l’extérieur. Le commanditaire est un spécimen rare, mais une chance, car souvent l’occasion d’aborder un sujet que l’on n’aurait peut-être pas approché. L’essentiel est de garder sa liberté d’expression tout en assumant une collaboration constructive.Avec le public, les galeries, mes relations sont simples car je me suis toujours considéré comme libre dans le choix et le traitement des sujets, dans la recherche, comme devant rester moi-même. Quelle chance inouïe ! Mais n’est-ce pas justement la position du passeur dont nous parlions précédemment ? Ne pas être « célèbre » permet ce luxe immense !

Tu es le premier sculpteur, et en outre le premier artiste de la communauté du CPHB à exposer dans le claustra. Comment vis-tu cela ?

La rumeur, puis la nouvelle de mon exposition a été très chaleureusement accueillie par la communauté du CPHB. Il m’a semblé qu’elle l’attendait un peu et en tout cas m’a manifesté beaucoup de sympathie et d’amitié à cette occasion. Ainsi vient à mes lèvres le psaume 132 :

’’Oui, il est bon, il est doux pour des frères
de vivre ensemble et d’être unis !

…/…
On dirait la rosée de l’Hermon
qui descend sur les collines de Sion.

C’est là que le Seigneur envoie la bénédiction,
la vie pour toujours.’’


Commentaires sur ses œuvres ajoutés par Damien, en forme de références …

’’Avant d’expliquer aux autres mon livre, j’attends que d’autres me l’expliquent. Vouloir l’expliquer d’abord, c’est en restreindre précocement le sens car, si nous savons ce que nous voulions dire, nous ne savons pas si nous ne disons que cela. On dit toujours plus que CELA. Et cela surtout m’y intéresse, que j’y ai mis sans le savoir, cette part d’inconscient et que je voudrais appeler la part de Dieu. Un livre est toujours une collaboration, et tant plus le livre vaut-il, que plus la part du scribe y est petite, que plus l’accueil de Dieu sera grand. Attendons de partout la révélation des choses, du public la révélation de nos œuvres. »

In André Gide,’’Paludes’’ , 1895

’’Aucune sculpture ne détrône jamais aucune autre. Une sculpture n’est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse. Elle ne peut être ni finie ni parfaite. La question ne se pose même pas. (…) La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet mais un moyen pour tâcher de comprendre un peu mieux ce que je vois, pour tâcher de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et m’émerveille dans n’importe quelle tête, la peinture un moyen de tâcher de comprendre ce qui m’attire et m’émerveille dans n’importe quel personnage, dans n’importe quel arbre ou quel objet sur une table. Un peu réussie, une sculpture ne serait qu’un moyen pour dire aux autres, pour communiquer aux autres ce que je vois. »’’

In Alberto Giacometti "La voiture démythifiée", Arts, n°639, 1957

Dossier complet, présentation et commentaires de V&D

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