Un parcours proposé par V&D
D’abord, on est surpris par la longue file d’attente de trentenaire avec plein d’enfants qui contraste avec la non moins longue file du musée symétrique, le Musée d’Art de la Ville de Paris, attirant des foules de quinqua ou sexagénaires attirés par expo sur Sonia De Launay.
En entrant, on comprend pourquoi : un tunnel en scotch transparents surplombe le hall (Numen/for use). Les enfants s’y faufilent jusqu’à l’entrée de l’exposition Inside. Une façon de les intéresser à l’art moderne, déjà utilisée à la gare St Sauveur à Lille ou au Macro à Rome.
Une forêt impénétrable et fascinante en carton sculpté ouvre ce voyage intérieur (E. Jospin). Lire article autour de l’expo de l’artiste à Saint-Merry
Plus loin, on chemine au milieu d’une accumulation impressionnante de décombres, savamment échafaudée, suggèrant le chaos, la dégradation boursouflée, peut-être la catastrophe (P. Buggenhout).
Puis le faux semblant d’un atelier évoqué par des bâches transparentes : des statues en cours d’élaboration semblent d’argile mais sont en bronze (M. Manders).
Inside est un labyrinthe alternant salles sombres et salles claires, voire aveuglantes, comme celle où sont exposées les sculptures d’arbres imaginées lors d’un test psychologique, « dessinez un arbre » (C. Berdaguer et M. Péjus).
Au lieu d’être le refuge accueillant qu’elle devrait être, une cabane en bois est le siège d’une mousson. C’est donc à l’extérieur qu’il faut s’abriter (S. Thidet). « L’homme qui tousse » est un mini-film en boucle difficile à supporter : assis sur le sol d’une pièce nue, un homme flou suffoque et crache, plaçant le spectateur dans une vision douloureuse (C. Boltanski).
Dans le « couloir de la mort », la vidéaste A. Rasdjarmrearnsook psalmodie un chant rituel dans une morgue pour accompagner des cadavres sans famille.
À l’opposé, des créatures affairées, monstrueuses et obsédées, en pâte à modeler, s’ébrouent sans relâche sur plusieurs écrans, entre fascination et répulsion (N. Djurberg et H. Berg).
D’autres chocs visuels ponctuent ce parcours comme l’œuvre de l’énigmatique Géorgien A. Wekua. Allongé et basketté, un corps juvénile et gracile s’encastre dans la maison de son enfance. Cette sculpture illustre l’affiche de l’exposition.
À la sortie du labyrinthe, une petite salle aveugle résonne de sons saccadés censés nous libérer des agressions visuelles subies…C’est l’œuvre historique de Bruce Nauman « Get Out of my Mind, Get Out of This Room », dont les œuvres sur le corps, parfois violentes, invitent le spectateur à une plus grande de prise de conscience de lui-même.
Puis, point d’orgue pour finir, Jean–Michel Alberola.
Et l’on ressort subjugué par la variété des univers dans lesquels on vient d’être plongé.
Philippe Mollon Deschamps
Messages
1. Inside. Palais de Tokyo, 1er décembre 2014, 11:32, par Anne René-Bazin
Merci de cette présentation motivante. Surprise de voir que des artistes accueillis à Saint-Merry font partie de cet univers de recherche contemporaine. Ce qui nous permet d’apprivoiser ces modes d’expression.