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La main. Galerie Camera Obscura



La main vue par dix-neuf photographes contemporains. Une approche subtile et émouvante. Une splendide et petite exposition thématique. Galerie Camera Obscura jusqu’au 14 mars.

400 Arno Rafael Minkkinen, Freshwater Bay, Isle of Wight, England, 2002

La galerie Camera Obscura, située face à la Fondation Cartier, boulevard Raspail, n’expose que des photographies. Ce lieu parisien discret et porteur d’une culture raffinée présente des œuvres toujours étonnantes, rassemblées avec un goût subtil et splendidement choisies. Rien à voir avec les clichés tape-à-l’œil et à la mode. La galerie puise dans les œuvres des artistes qu’elle suit, mais étend ses recherches dès qu’elle aborde un thème.

La main est un sujet classique des arts visuels, car elle révèle à la fois l’identité de l’autre et le parti-pris de l’artiste. Avec la photographie, la pause de la main prend une dimension particulière, le cadrage, le lieu, l’éclairage, le geste ou l’association à des mouvements du corps ouvrent à un imaginaire poétique loin de la banalité du quotidien. Le mot exprime tous les affects humains, du plus visible au plus intime ; elle est ici souvent seule et parfois mélancolique. Curieusement, elle existe dans une sorte d’autonomie par rapport au corps ; elle se fait alors portrait.

Dans cette exposition, les dix-neuf artistes sont des extracteurs de beauté et d’onirisme. Il y a de l’intemporel dans leur cinquantaine de photos où la qualité des tirages joue un rôle essentiel. La diversité dans la variation visuelle étonne et révèle des sensibilités peu communes.

Si le noir et blanc domine largement, les formats sont très divers et l’accrochage est fait avec un soin exquis, de manière à faire entrer immédiatement le visiteur dans l’émotion.

JD

Didier Brousse, le commissaire, révèle ce qui l’a guidé pour concevoir son exposition.

Max Pam. Jack et Tim. 1989
Max Pam. Jack et Tim. 1989

Le regard et la main sont indéfectiblement liés : ils sont nos principaux moyens de contact avec le monde. Rien d’étonnant donc à ce que la photographie, art du regard, s’intéresse à la main.
Pour certains, il s’agit d’un sujet récurrent (Arno Rafael Minkkinen), ou souvent traité (Bernard Plossu, Patrick Taberna, Masao Yamamoto), plus rare pour d’autres photographes, l’occurrence de la main dans leurs images est néanmoins toujours forte. Elle est là comme un signe qui nous inviterait à saisir une présence, à décrypter un sens.

400 Bernard Descamps, Fleuve Niger, Sendégué, Mali, 1998

Pour les photographes qui font de leur vie le matériau d’une œuvre, la main est un sujet qui tombe sous le sens du regard. Elle accompagne l’œil dans l’exploration du monde, créant, par sa présence dans l’image, une sorte de pont symbolique, par-dessus l’appareil photographique, entre le photographe et ce qu’il voit, ce qu’il nous montre. Elle est l’affirmation d’une vision subjective. Mais elle peut aussi être tout simplement un magnifique sujet. Expressive et signifiante, à l’égal d’un visage (quoique certainement plus énigmatique), la main nous parle comme le ferait un regard. En action ou au repos, outil agissant ou simple présence, elle interpelle le regard. Elle est une invite à la fois sensuelle (le sens du toucher) et spirituelle, symbolique. La photographie prolonge à sa façon l’expérience magique de la représentation des très antiques "mains négatives" pariétales : signe universel, archaïque, de la présence humaine, de l’existence.

400 Kristoffer Albrecht,Hand behind window pane, Pernå, Finlande, 1984

C’est en fait une photographie de Kristoffer Albrecht qui a inspiré l’idée de cette exposition. "Hand behind a window pane, 1984", figure en couverture de son livre Memorabilia, paru en 2004. Le tirage de cette image énigmatique et douce, évocatrice à la fois de sensations très physiques (le toucher sur une vitre embuée), et d’une sorte de mystère, d’appel spirituel, a été à la fois le déclencheur et le "diapason" qui m’a guidé dans le choix des photographies de "La main".

Didier Brousse

Takashi Arai My right hand on harvesting, 2011
Bernard Plossu La main de Shane États-Unis, 1982

La cinquantaine de photographies qui composent cette exposition a été choisie dans les archives
de la galerie et on y retrouve plus de la moitié des artistes que nous exposons régulièrement,
mais aussi quatre nouveaux arrivants :
 Takashi Arai (Japon, 1975), daguerréotypiste contemporain que nous avons montré avec succès au dernier salon Paris Photo.
 Anita Anrzejewska (Pologne, 1970) dont le travail, réalisé essentiellement en Asie, visions
rêveuses et crépusculaires, se décline en nuances de gris et noirs dans ses tirages somptueux,
comme autant d’éloges de l’ombre.
 Kristoffer Albrecht (Finlande, 1961), compagnon de longue date de Pentti Sammallahti, comme
lui photographe subtil et tireur perfectionniste. Kristoffer est aussi un amoureux du livre, éditeur
d’ouvrages en tirage limité dont nous présenterons un choix.
 Gregor Beltzig (Allemagne, 1979) enfin, collaborateur de la galerie et artiste lui-même.

Cliquer sur les photos pour connaître les auteurs et titres

Anita Andrzejewska India, 2003
400 Sarah Moon, G.S. 1998
Max Pam Darwin, Australie, 1986
Max Pam Darwin, Australie, 1986

Galerie CAMERA OBSCURA
268 Boulevard Raspail • 75014 Paris • www.galeriecameraobscura.fr • tél : 01 45 45 67 08
Horaires : 12h - 19h du mardi au vendredi / 11h - 19h le samedi

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