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Paul Walker Hamy. Crèche 2020



À Saint-Merry, la crèche crée la surprise, par sa taille, trois chapelles ; son matériau, une sculpture de carton découpé ; son esprit du temps, le recyclage ; l’esprit des Textes, la pauvreté et la joie ; une lumière qui exalte la beauté de la forme.

Étrange auteur qu’est celui de la crèche 2020. Paul Walker Hamy est un plasticien inconnu qui habite à côté de Saint-Merry. En revanche, c’est un comédien franco-américain que l’on voit dans un nombre croissant de films car il est très apprécié. Mais il dessine aussi, découpe et sculpte. C’est un artiste autodidacte aimant le contact avec le public qui s’exprime plastiquement par des matériaux pauvres.

Fin novembre, il confie à l’église deux de ses sculptures de branchages qui ne peuvent rester sur l’espace public où il les avait installées durant le confinement. Une exposition s’invente (lire Voir et Dire >>>). Une connivence s’établit avec la communauté. Faute d’idée précise, cette dernière lui confie le soin de faire une crèche. Une commande, sans autre contrainte que d’y insérer les personnages traditionnels en plâtre, peints ou non, stockés à la sacristie. Il choisit ses espaces (trois chapelles) et un matériau, le carton. Il propose immédiatement une maquette et réalise le tout en un temps record, sans budget ou presque.

Bref on est dans le récit utopique d’aujourd’hui : recyclons, produisons local, nourrissons nos relations proches, créons ensemble. Noël 2020.

Comme à son habitude, Paul Walker Hamy dessine, découpe, prépare son œuvre dans l’urgence. Il réfléchit avec ses mains. Cela aboutit à une maquette de carton, qui est en elle-même une œuvre. Une construction en gradins. L’enfant, Marie, Joseph en bas au plus près de la terre. Les mages en hauteur sur une sorte de montagne, comme des spectateurs. Les bergers et leurs animaux à une hauteur intermédiaire. Et l’étoile, immense, hors d’échelle, des anges semblant en être les gardiens. La tradition vient s’insérer dans une approche très contemporaine.
Seulement, voilà que l’espace initial proposé, une chapelle, est trop petit pour un artiste, qui s’exprime dans des grands formats, il en prend trois. À Saint-Merry, rien n’est trop grand pour accueillir une telle œuvre, surtout quand il n’y a pas de cahier des charges et que l’artiste travaille dans la confiance avec ceux qui l’ont accueilli.

L’innovation de 2020 tient dans le choix de l’artiste de faire voir l’ensemble à partir d’un point de vue : depuis le baptistère, un axe visuel traverse toutes les chapelles nord à travers les colonnades. L’immense étoile avec ses rayons donne le sens de la perspective. La crèche devient une anamorphose jusqu’à un chef d’œuvre du XVIIe, « L’adoration du Nom divin » de Simon Vouet avec une vision mystique des anges peints (voir diaporama V&D >>> ) . Tous les personnages sont installés sur de petits socles à grandes jambes, le tout est inséré dans un paysage de cartons découpés aux multiples facettes.

« J’ai eu envie d’évoquer, la marche, le mouvement, le sable, les montagnes, le vent, les éléments, l’eau, le feu, la terre et tout ce qui y vit, les racines, ce qui pousse et grandit, le mouvement des plaques tectoniques, la poussée d’éléments organiques, la chapelle du milieu peut être une vague, une tornade. On peut y voir des rayons la traverser, et c’est bien sûr la lumière qui est très présente, dans le jeu d’ombre des facettes, de l’étoile à la grotte de Joseph et Marie qui peut faire penser à une flamme ou à une goutte d’eau. »

Les enfants feront peut-être remarquer que les personnages arrivent sur de curieuses ailes volantes qui passent à saute-mouton sur les autels traditionnels. Le monde de la tradition de Noël est bousculé par tous les bouts, avec beaucoup de délicatesse et d’imagination.

Cette crèche est celle du mouvement décomposé de ceux qui accourent jusqu’à l’enfant.

Le visiteur en a deux visions possibles : la première est condensée, l’enfilade des colonnes ; la seconde est celle de la déambulation, d’une chapelle à l’autre avec les détails et la lumière de Paolo Gérard, concepteur lumière, grand familier des expositions de Saint-Merry.

Jean Deuzèmes.

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La crèche est visible tous les après-midis jusqu’à la fin janvier.

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