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Rebecca Bournigault. WATER



Un désir de pureté jusqu’à l’obsession. Vidéo. Jusqu’au 1er avril, Galerie Saint Séverin.

Se laver les mains : un geste élémentaire et fondamental, mais bien plus encore.

La vidéo sonorisée de Rebecca Bournigault (26’) est par son style et son mode une œuvre qui évoque l’intime et le public, la culpabilité de Lady Macbeth et, au-delà, le besoin et le désir de pureté.

Une femme assise devant une vasque, et non debout devant un robinet, se frotte les mains avec énergie, et pourtant ses mains sont propres.

Une vidéo en boucle composée de quatre plans séquence : des mains, un corps penché, des cheveux. De cet autoportrait de l’artiste, on n’apprend rien hormis cette volonté obsessionnelle de faire disparaître une tache invisible par une eau limpide.

« Tout commence par un gros plan sur les yeux de l’artiste, continue par une vision de ses mains aux ongles rouges plongées dans une vasque d’eau posée au sol, puis par une vue générale d’elle assise seule par terre. Ces trois visions alternent en boucle, cette gestuelle lente et répétitive transmet autant une angoisse diffuse qu’une volonté de pureté. Le montage, l’esthétique, le rapport au temps, contribuent à donner à ce geste simple différents niveaux de lecture. » Daria de Beauvais (Commissaire)

NB : cette vidéo de faible qualité sera remplacée par une meilleure version ultérieurement.

Lady Macbeth qui rêve de se défaire du sang du crime qu’elle est la seule à voir :

Il y a encore une tache.
…/…
Va-t’en, damnée tache ! Va t’en, je te dis. Une, deux : c’est le
moment de le faire. L’enfer est tout noir. Fi, mon seigneur fi !
Un soldat et avoir peur ? Qu’est-ce que nous avons à craindre,
quand personne ne peut forcer notre pouvoir à rendre compte ?
Et pourtant qui aurait pensé que le vieil homme avait en lui tant
de sang ?

Avec cette vidéo en boucle, le cycle est sans fin, culpabilité et obsession de pureté vont de pair. Et pourtant du rythme et de l’esthétique se dégage une sérénité. Une occasion de contemplation, la nuit.

Les ongles rouges de la femme. Le sang suggéré, le rituel de purification tout autant que le crime commis.

La posture, assise sur le sol, et la vasque : des attributs d’une société ancienne, celle où le robinet et l’hygiène normée n’étaient pas dominants. Un décalage de société et pourtant quelque chose qui nous est si proche.

Une attitude : une femme seule, dans l’intime, dont on ne connaît pas les pensées, les cheveux en gros plan cachent ses yeux. Mais on lit son énergie silencieuse. Une vidéo projetée dans l’espace le plus public : la rue. Le social et l’individuel se rencontrent. Les visiteurs en sont témoins.

Le son : l’eau qui retombe dans la vasque, le silence de la femme, le bruit de la rue.

Cette vidéo parle des rituels : les rituels sociaux et les rituels partagés par toutes les religions. Nettoyer les impuretés matérielles et morales.

Pour l’artiste, à côté de ses aquarelles et de ses photos, la vidéo met en scène la question du portrait dans les formes socialisées les plus diverses. Son œuvre part à la recherche d’universel.

Pour d’autres, c’est une œuvre de temps de carême.


Rebecca Bournigault a récemment présenté une série d’aquarelles Les émeutiers (2005-2011), une sorte de géographie internationale de la colère depuis les violences urbaines de Clichy-sous-Bois de 2005 jusqu’aux soulèvements populaires du Printemps arabe. De la France à la Tunisie et à la Syrie, l’artiste a dressé un panorama de cette multitude anonyme de femmes et d’hommes, participants de ces mouvements spontanés de contestation.
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Galerie Saint Séverin. 4rue des Prêtres Saint Séverin, Paris05

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