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Une Vénus peut en cacher une autre….



Et si le cougnou, ce gâteau que l’on mange dans le Nord, était lié à la Vénus de Lespugue ? Une analyse formelle des liens entre les statuettes de fécondité et nos fêtes.

Dans une conférence croisant l’esthétique et l’anthropologie, de lointains millénaires jusqu’à aujourd’hui, Guy Gilsoul, Professeur d’histoire de l’art et membre du réseau Voir et Dire à Bruxelles, revient sur la Préhistoire de l’art occidental. À l’origine du monde de la culture se trouvent ces énigmatiques Vénus, sources de questions sur les rituels que les paléontologues explorent. Les nôtres, ceux de la vie, de la mort ou de la fête ne seraient-ils pas empreints de ces origines lointaines ?
En dehors du sillage habituel de V&D privilégiant l’art contemporain, un croisement intéressant de démarches scientifiques éclairant des traditions toujours actuelles.
JD

On compte aujourd’hui plus de 250 statuettes dites de la fécondité et souvent appelées « Vénus »… Une des plus anciennes donne le vertige puisqu’elle serait datée de – 470 000. La Vénus de Berekhat Ran trouvée en Israël aurait en effet été sculptée (analyse d’Alexandre Marshall) par les mains d’un prénéanderthalien ! Jusqu’il y a peu, ces images archétypiques étaient associées aux premières manifestations de l’Homo Sapiens, soit vers -43 000. Parmi elles, la plus célèbre, la dame de Brassempuy (Landes), avait été découverte en 1894, la Vénus de Willendorf en 1903… La Vénus de Lespugue autour de laquelle gravite notre réflexion a été trouvée en 1922 aux côtés de matériel lithique qui a permis de la dater aux alentours de -23.000. Chaque année la liste s’allonge. La Vénus de Khotilyovo en Russie a été exhumée en avril 2017. Datée elle aussi de -23 000, elle avait été placée aux côtés d’ossements de mammouth dont certains avaient été recouverts d’ocre rouge.

Leur fonction demeurera toujours dans le cadre des hypothèses, mais, au vu de la variété de leur aspect et en élargissant l’analyse à d’autres disciplines par exemple l’étude des traditions populaires, de nouvelles perspectives s’ouvrent…vertigineuses. Fécondité ? Oui, mais encore ?

En quoi nous concernent-elles ?

On n’interroge pas le passé de la même manière selon que l’on vit en 1950 ou en 2020, dans une mégapole ou un village, à New York ou à Aurillac. Et on n’échappe pas plus à son temps qu’on n’échappe à soi-même. Si la Préhistoire demeura longtemps confinée dans les cercles d‘archéologues amateurs, la découverte en 1940 des peintures de Lascaux devient un signal qui, en pleine barbarie, va stimuler, dans les arts, les déclarations de Jean Dubuffet et d’une manière plus large le matiérisme, Cobra ou encore l‘expressionnisme abstrait. En effet, il ne s’agit plus de s’en remettre aux savoirs d’une « asphyxiante culture » qui au cours de la Seconde Guerre mondiale aura, en Europe et au Japon, montrer ses limites, mais de puiser dans les forces vives de ce que Bachelard appelle « l’imaginant » des matières comme l’eau, l‘air, le feu et ici la terre. Quelques années plus tard, le processus de décolonisation pointa la fragilité en même temps que la richesse des patrimoines traditionnels condamnés et du coup, sur cette même lancée, encouragea l’intérêt croissant pour le folklore de nos propres sociétés. Aujourd’hui, la question est plus vive encore alimentée par une mondialisation qui a gagné tous les étages de nos modes de vie et modifié la praxis sociale. Les habitants planétaires invités à consommer les mêmes grandes marques, les mêmes nourritures et les identiques rêveries à leur tour encouragées par une idéologie formatée et, surtout, un nouveau destin : leur propre disparition. Or, le principe (héritier de la philosophie des lumières ?) d’une humanité homogène sinon définie universelle, condition au « progrès économique », révèle son inadéquation à la réalité urbaine dont le caractère semi-nomade de ces populations est avéré. Dans ce nouvel environnement où toutes les références basculent, les traditions et les rituels sont méprisés, voire gommés du quotidien, par les uns, et redécouverts ou partagés, par les autres.
Face au sentiment de perte de repères, les fêtes se multiplient car l’homme est un être social. Il aime se retrouver au bistrot, partager un concert comme un repas, viser une activité de groupe. Il est aussi une « psyché » et cherche à se construire (ou se reconstruire) dans des « lieux ». Parmi ceux-ci, attardons-nous sur la maison.

Son apparition, comme objet stable inscrit dans un ensemble plus vaste, le village puis la ville, paraît obéir au principe de sédentarisation né avec le néolithique. Mais dès ses origines, le regroupement des habitats favorise toujours un système protecteur, l’enceinte et, avec elle, un « centre ».

La Couvertoirade (Aveyron) une cité des Templiers dès le XIIe siècle est par exemple organisée autour de deux noyaux : le château et l’église. Cette dernière, selon certains historiens, serait le point de départ de l’urbanisme des villes.

Or, dans ces premières villes, « la porte », comme pour l’église, est un signal lourd de sens. C’est un « trou », un point sombre autant qu’un appel. illu : Port Margot (Corrèze) et son portail illu Saint Martin de Leursac. Charente-Maritime , XIIe s).

Elinor Whidden

Ce même besoin de signal d’appel sombre dans le paysage appartient-il aussi à l’univers nomade dans lequel l’habitat est éphémère (les huttes recouvertes de peaux sur une structure de branchages) ? Les signes stables seront alors cherchés….dans la nature au coeur de laquelle, des éléments stables (la roche) peut à son tour présenter un lieu annoncé par un trou : la grotte.

Olivier Culmann

Ainsi, parmi tant d’autres exemples, la grotte de la Cruzade, le Trou de l’ours, la grotte Clouet, Marsoulas…

Le Corbusier. Plan Voisin

Or, comme dans l’église, l’homme y est invité à vivre un parcours marqué par des espaces différenciés et cette fois, vivant encore d’une organicité particulière et pour tout dire « sexuelle » Bruniquel, Chauvet, Grotte du Pont d’Arc…

Jean Leveugle

Et on le sait, la grotte n’est pas un lieu d’habitat, mais un lieu fréquenté (par qui ?) à certains moments (l’hypothèse d’un lien avec le cycle des saisons est souvent évoquée) et ce durant de longs siècles, voire des millénaires, un « chemin » parcouru d’images claires ou allusives, fragmentaires ou non (animaux, figurations humaines, signes) peintes, gravées ou sculptées et disposées à certains endroits parfois quasi inaccessibles.

Mais comment chercher le sens de ces manifestations ? Les interprétations vont varier et sont déterminées, en partie, par le contexte du temps. L’abbé Breuil (1877-1961) relie les thématiques observées à la chasse. Son livre clé, « 400 siècles d’art pariétal », paru en 1952, a toujours la faveur de certains. André Leroi-Gourhan (1911-1986 ) propose en 1965 (« Préhistoire de l’art occidental ») une approche structuraliste par laquelle il met en évidence un système duel masculin-féminin exprimé par des images animales, des symboles sexuels et des signes abstraits disposés avec soin en des endroits précis. Plus récemment, Jean Clottes (°1933) (« L’art des cavernes », 2008) ouvre de nouveaux questionnements à la suite de la découverte de la grotte Chauvet en mettant en évidence notamment le caractère individualisé des animaux représentés tout en insistant sur les différents modes opératoires (tracer, peindre, tamponner, graver..) eux-mêmes liés au dialogue entretenu par « l’ artiste » (un terme impropre) avec le support : ainsi la grotte de Vilhonneur (visage humain en association avec le relief de la paroi) ou dans la grotte Chauvet (dessin au doigt tracé dans l’épiderme humide des parois, appelé le lait de lune ou mondmilch). Or, l’ethnohistoire nous révèle que ce lait est ingéré en Ougada (Trava Shaw 1997) et utilisé au IVe siècle ac en Chine contre l’ostéoporose et la fatigue. Les grattages dans la grotte Chauvet répondraient-ils au même usage ? Avec ces nouveaux chercheurs, ces grottes habitées de signes répondraient à des lieux de rituels (cf les « mains » d’enfants situées en des endroits inaccessibles aux adultes) ou encore en association avec d’autres signes (grotte Chauvet).
D’où l’hypothèse du chamanisme dans le cadre de l’organisation sociale d’un groupe éminemment lié à la nature, et à ses forces destructrices ou constructrices avec lesquelles il faut dialoguer (cf J. Clottes, « Les chamanes de la Préhistoire, 1997). La production d‘images liées à cette fonction, s’accompagnait, on ne peut en douter, de rituels liés aux liens entre la vie et la mort, ce que confirment du reste les découvertes archéologiques de sépultures.
Illus : grotte Chauvet
Or, si les rituels de mort sont bel et bien présents dès l’époque des néanderthaliens, il en va de même de leurs productions plastiques :
En février 2018, des chercheurs allemands ont montré que dans trois grottes de Cantabrie (dont Pasiega), des dessins (signes et contours animaux) datent de 64 000 ans. L’information n’est pas neuve. En France, d’autres chercheurs ont suggéré (avec la même méthode de datation –parfois contestée) que des signes du même type inscrits dans la grotte de Rocamadour remontaient à 50 000 70 000 ans alors que l’art est souvent lié à l’homo sapiens dont on pensait l’apparition aux alentours de -40.000, alors qu’on a par ailleurs retrouvé des coquillages avec des traces de pigments datés de 115 000 ans.
Parallèlement, cette chronologie datant l’apparition de l’Homo Sapiens à -40.000 a été contestée à la suite d’une découverte récente au Maroc qui en aurait exhumé un ayant vécu voici… 350.000 ans. Plus récemment encore, un fossile d’enfant s’est révélé être le fruit d’un accouplement entre un Néanderthalien et un Homos Sapiens. On vous le disait : vertigineux. Mais ce qui l’est davantage encore….

La question des rituels, origines et actualités

Elinor Whidden

Les rituels existent donc bien avant l’Homo Sapiens. Et particulièrement, ceux liés à la mort. À La Sima de los Huesos, les archéologues ont mis au jour une chambre au fond d’un puits de 14 mètres avec les restes de 28 individus prénéanderthaliens qui remonterait à -430 000 ans.
En Israël (grotte de Skhül), on a découvert, réunis, 3 enfants et une famille de 7 individus dont le crâne avait été couvert d’ocre daté de – 100 000 ans.
Dès -70.00, les preuves se multiplient. Et de citer encore, à la Ferrassie, la disposition fœtale, tête contre tête, recouverte d’ocre, sur tapis de fleurs ou sur une dalle des squelettes retrouvés.
D’où, la question : Nos propres rituels de mort garderaient-ils la mémoire de ces origines ?
La question est universelle et aura traversé les siècles, les millénaires avec çà et là, des survivances vertigineuses et des phénomènes d’acculturation.
Au jour des Morts en nos cimetières on utilise des fleurs comme à la Préhistoire.

Au Mexique, s’y ajoutent les fruits, offerts comme nourriture, un rituel d’offrande associé à la lumière
Ces rituels révèlent les liens entre la mort et la vie et du coup, entre la nuit et le jour qui, collectivement, fêtent la fin de l’hiver par le retour de la lumière

Ishan Tanka
Vincent Jarousseau

La fête de Sainte Lucie en Suède
La Noël avec le sapin décoré de pommes, de boules rouges et de bougies
Les feux d’artifice pour fêter le passage à l’an neuf
Et même aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord et l’est de la France, saint Nicolas et son acolyte, Krampus cf le folklore autrichien (qui exprime par son incarnation, la complémentarité entre nature sauvage et culture)

Vincent Jarousseau

Liées aux saisons, ces fêtes populaires dont l’origine se perd dans la nuit des temps, sont le fruit d’acculturations qui entremêlent la Préhistoire chamanique, l’ère des villages et du travail de la terre et souvent, le christianisme)
Les grands feux (le 1er dimanche du carême –février mars) à l’occasion duquel en Ardenne on brûle le bonhomme hiver, la sorcière ou le sapin de Noël
Février : Les Gilles de Binche avec leurs sabots (la terre), leur chapeau de plumes (oiseau), leurs oranges sanguines (soleil, sang), avant des œufs : récemment associés aux traditions chamaniques de l’Europe de l’Est.(Emlie Botteldoorn 2013)

La fin de l’hiver à Evolène : cela commence par l’arrivée des « peluches » dans le village une semaine avant le début du carnaval. Symbole de la force sauvage primordiale, ils sont revêtus de peaux animales non tannées (renard, marmotte, chamois, moutons…) et portent un masque animalier sculpté dans le bois d’Arolle. Leur but : chasser les mauvais esprits de l’hiver responsables du froid, des avalanches et des maladies ainsi que les esprits des morts qui hantent le village. Leur force : leur mauvaise odeur et le bruit (cloches ou chapelet de boîtes en fer blanc).

Le dimanche gras après la messe, les empaillés entrent dans le village et vont en être les maîtres durant une journée (ils sont monumentaux (rembourrage de paille) et portent des masques (sorciers, diables..).

Ferjeux van der Stigghel

Avec leur balai qu’ils trempent dans les fontaines, ils salissent la foule. Ils représentent l’esprit des morts et des ancêtres qui hantent le village, mais tentent de les amadouer. Le Mardi gras, on brûle l’une des leurs, la poutartze, marquant alors la fin du carnaval.
Ces liens avec les forces vives voire destructives, entre culture et nature, sauvage et civilisé établissent des cycles de mort et de renaissance incluant, via divers symboles, le domaine sexuel, par exemple, le nez rouge des Blancs Moussis de Stavelot et plus encore les jets de confettis qui marquent souvent l’apothéose des cortèges carnavalesques.

La première œuvre sculptée de l’histoire humaine : homme-lion de Hohlenstein-Stadel (musée d’Ulm) : 30 000 /34 000 ac.

Et les « Vénus » ?

Leur stéatopygie évoque bien sûr la fécondité. Que ce soit la Vénus de Lespugue taillée dans l’ivoire (- 23 000, musée de l’Homme à Paris) découverte en 1922 ou encore celle de Vestonice modelée puis cuite dans un mélange de terre et d’os de mammouth (- 29 000 25 000. musée de Brno Tchéquie.) trouvée en 1925. Certaines gagent même l’expressionnisme comme celle d’Hohle Fels ivoire (-35.000. découverte dans le Jura Souabel (all) en 2008) et plus célèbre, celle de Willendorf (Calcaire recouvert d’ocre ,-23.000 déc en 1908)

Ishan Tanka

On pourrait se limiter à ces représentations. Mais d’autres figurines indiquent clairement une position fœtale comme la Vénus de Sireuil (calcite translucide, - 25.000, découverte en 1900) ou celle de Tursac (calcite brune ambrée, -25 000, découverte aux côtés d’une patte de bison en 1959)
L’horizon s’élargit davantage encore avec la Vénus de Lespugue.

Plusieurs observations s’imposent.

1) Il s’agit à l’évidence d’une figure double (hypothèse émise par Yves Coppens du muséum d’Histoire naturelle de Paris). Cette « anomalie » n’est pas isolée puisqu’elle se retrouve dans la Vénus d’ Avdeevo (découverte près de Kursk et datée de -21/20 000) ou encore celle de Grimaldi (datée de -20.000) qui cette fois associe l’image féminine à celle d’un homme ou d’un animal.
2) Le caractère ambigu de nombreuses « Vénus » :

Ishan Tanka

La Vénus de Montpazier daté 30 20.000. découverte 1970) et son sexe féminin largement ouvert prolongé par une excroissance. Cela nous amène à voir dans certaines Vénus non plus un appel (éloge) à la fécondité, mais l’union du féminin et du masculin. Et, au vu des nombreuses découvertes, cette thèse s’affine.
Savignano forme phallique intégrée au corps féminin
On pourrait allonger la liste (Trasimène, Doli Vestonice, Malte –illu ci-dessous-, Grotte Placard, Milandes, Tursac ou encore la Vénus Von Mauern peinte en ocre rouge).

Vincent Jarousseau

La Vénus de Lespugue s’offre dès lors bien comme une image double dont on retrouve l’idée dans d’autres cultures. On songe par exemple aux figures violons des Cyclades ou encore à la manière dont le thème de la porte a été traité de manière sexuée chez les Dogons (celle de la maison s’ouvre en la poussant : on entre, on pénètre le domaine féminin, celle des greniers à nourriture s’ouvre en la tirant à soi : la vie sort du ventre). Une symbolisation sexuelle décrite déjà, mais pour l’art pariétal par André Leroi-Gourhan qui soulignait les liens entre des lieux de la grotte (entrée, fond, étranglement) et les principes de renforcement ou de complémentarité des images attribuées au domaine masculin ou féminin.

Rituels et nourriture

Or, qui dit fécondité, dit aussi survie. Les Vénus ont souvent été trouvées (comme d’autres du même type décrites par l’ethnologie) aux côtés de ce qu’on pourrait appeler un garde-manger. D’où le lien entre ces sculptures et la nourriture.
D’où, le retour vers quelques fêtes traditionnelles.
Les Gilles de Binche qui lancent des oranges sanguines. Orange, qui en Sicile signifient le soleil en hiver / sanguine : rouge comme l’ocre rouge et le sang, l’énergie à double signification comme l’évoquaient déjà les boulettes d’ocre trouvées dans certaines grottes et qui contenaient une lame = couper, blesser voire tuer pour assurer la vie (notion d‘échanges nécessaires) : offrir, recevoir des principes chamaniques.
Les œufs de Pâques, symboles de vie.
À Noël, la bûche de chocolat rappelle une tradition ancienne au cours de laquelle on faisait brûler la bûche à Noël et au Nouvel An, on récoltait les cendres qu’on répandait sur les champs afin de les nourrir. Mais aussi, les gâteaux de la Sainte-Lucie fabriqués avec de la farine, du lait, du safran et des amandes. Le safran qui traditionnellement est utilisé contre tous les maux, qui teint aussi les robes de bouddhistes et le voile de mariée dans certains pays du Maghreb.
L’amande qui, symboliquement, contient un essentiel caché (cf aussi le symbole du Christ dont le côté divin est caché dans le corps / en hébreu : luz qui signifie le noyau indestructible de l’être). L’amande enfin qui, de par sa forme, évoque aussi la vulve, ce qui fait écrire à Jean Chevalier (dict des symboles) que manger l’amande, c’est coïter. On pourrait encore évoquer le gâteau des Rois (le 6 janvier) et la quête de la fève (symbole de l’Enfant Jésus) ou le Pain des morts en Grèce : les kolliva fabriqués par les femmes pour marquer un deuil récent ou lors des cérémonies collectives et qui deviennent alors les médiatrices entre le monde des morts et celui des vivants. Elles les offrent à l’église (à la communauté) ou les déposent sur la tombe.
Et que dire du « Cougnou » fabriqué à Noël, en Belgique, dans le nord de la France ou encore en Alsace à partir d’un mélange de farine, de sucre et de raisins ?

On l’appelle parfois le bébé Jésus. Sur cette pâtisserie, on pose parfois une figurine en sucre qui redouble la signification à moins qu’elle n’associe le bébé et sa mère.
Mais on peut aussi, en se souvenant de la Préhistoire, voir de part et d’autre du « ventre plein » de la figurine, non pas une tête puis des pieds (qui n’existent pas), mais deux têtes. Têtes au demeurant si peu « explicites » qu’elles peuvent aussi se lire comme symboles phalliques. Cette lecture renverrait alors à une triade mère-père-enfant dont les religions d’Égypte puis chrétienne ont fait le socle de leur théologie.

Sylvie Bonnot

Ici un exemple de cougnou décoré par un enfant jésus les bras en croix et deux symboles (trèfle à 4 feuilles et 4 temps naissance, enseignement, mort, résurrection)
Quelle force venue des origines des rapports entre l’homme, la nature et ce qui le dépasse, ingérons-nous en mangeant ce cougnou dont la forme n’est pas sans évoquer …la Vénus de Lespugue ? Derrière nos traditions populaires, vivrait donc (survivrait) un questionnement fondamental dont les racines nous mènent vers ces appels entendus par les hommes de la Préhistoire et dont les mystérieux rituels dont il nous reste des témoignages figurés sont aujourd’hui la mémoire.

Guy Gilsoul

Repères
1er hominidé le pithécanthrope : 1.750.000 ans
600 000 le feu
400 000 abbevillien (biface)
150 000 néanderthaliens
120 000 éclat Levallois
45 000 Homo Sapiens Sapiens (grotte Chauvet)
35 /30 000= châtelperronien (pendeloques)
30/25 000 Aurignacien grav , rituels, venus
25 /20 000 gravettien grotte Cosquer
20 /12 000 Magdalénien Lascaux Niaux, Rouffignac, Marsoulas

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