Un site de découvertes de l’art contemporain en résonance avec le projet culturel et spirituel de Saint-Merry-hors-les-Murs

V&D sur instagram

Accueil > Regarder > V&D décrypte des œuvres et des expos > Baptiste Roux, Apocalypse et calypso


Baptiste Roux, Apocalypse et calypso



Éclatant, débordant de couleur et de force, une œuvre tout empreinte de pataphysique pour inaugurer un nouveau centre d’art dans une ancienne chapelle retrouvant vie.

V&D suivait depuis longtemps et avec intérêt le travail de Baptiste Roux, pour son vocabulaire toujours renouvelé. Or, il a inauguré le nouveau centre d’art d’une commune de Haute-Loire, Le Monastier-sur-Gazeille : une splendide chapelle désacralisée, l’église Saint-Jean, classée monument historique, transformée en centre culturel.
En ayant donné ce titre étrange, le plasticien né en 1970 ne peut cacher son intérêt pour la pataphysique, c’est-à-dire comme le disait l’écrivain Alfred Jarry, la science des solutions imaginaires. Avec une vingtaine d’œuvres toutes plus colorées et débordantes les unes que les autres, toutes différentes, l’ensemble relève d’un expressionnisme vigoureux, inspiré parfois des œuvres que l’on rencontre dans ce type de lieu : les crucifixions, les scènes de martyre et d’apocalypse, comme le titre le suggère, comme l’artiste le présente aussi dans la vidés ci-dessous. L’artiste a revisité des types comme les vanités ou le figuratif, en utilisant toutes les natures de matériaux.
Il y a du tragique et de l’affolant dans ce qu’il nous montre, car formes, couleurs, textures échappent au visiteur et ne craignent pas de se confronter à un lieu, à son esthétique de pierre. En mêlant subtilement des émotions aussi contrastées que le délice et le dégoût, son odyssée dans l’art surprend et in fine réjouit. C’est un voyage stimulé par l’énergie et l’imaginaire dans l’art contemporain.
Jean Deuzèmes

Le voyage débute dans le lieu d’art contemporain Aponia, inauguré pour l’occasion dans un immeuble de la Renaissance, au Monastier-sur-Gazeille en Haute-Loire. Sur deux niveaux, dans une ambiance à la fois historique et contemporaine, les œuvres ont pour trait commun une forme de mutation, technique et physique. Dès l’amorce des croquis, les formes se révèlent charnelles. Dans cette allusion au corps et à la substance… le dessin est aussi vivant que cadavérique… aussi figuratif qu’abstrait. L’abstraction se confirme d’ailleurs lorsque le dessin devient numérique. Il devient un autre corps et une autre identité.

La forme devient plus pop et graphique, colorée, parfois même urbaine… tandis que le support se froisse… se tord… ou s’affirme en négatif par la récupération de matériaux. L’image s’altère aussi à la manière d’un transfert d’émulsion de Polaroid. Elle a quelque chose d’immédiat, d’instantané et à la fois un air d’immortalité. Il y a une force et une puissance inhérente à la production même de ces grands formats qui se dégagent du mur. Cela devient encore plus poignant lorsque l’on y trouve l’émanation contemporaine d’une vanité… notre vie éphémère comme homme et comme matière.

Le travail de Baptiste Roux ne se résume pas à une œuvre que l’on accroche au mur en guise de décoration. C’est un expressionnisme à la fois figuratif et abstrait qui recèle une part de détournement et de subversion, comme ces crucifix composites mêlant, entre autres, os à ronger et mousse expansée… ou ces sculptures qui trônent délicieusement… comme autant de pâtisseries sur l’étal d’un boucher.

L’image peut paraître insolite et surréaliste. C’est pourtant l’effet remarquable qui se dégage de la “mise en scène” des œuvres dans l’église Saint-Jean du Monastier-sur-Gazeille… quoi de mieux pour une Apocalypse. Le dialogue entre le patrimoine historique et l’art contemporain s’installe dès l’entrée avec l’imposante “Chimère écorchée” (référence au motif du bœuf écorché), suspendue face à la crucifixion de l’autel à la manière d’un martyr. Des œuvres littéralement en chair et en os, tels des collages, ponctuent l’espace et l’habitent naturellement. Au premier regard, les couleurs vives, acidulées, “glossy” ou sucrées (avec une prédominance de rose)… ont un côté réconfortant et positif… gourmand comme une mousse ou une glace renversée par un enfant maladroit. Pourtant, très vite, une autre interprétation vient troubler le visiteur. Le coulis devient sang, la mousse devient chair et la glace carcasse… Les os sont saillants comme les esses du boucher. L’appétit tourne alors à l’écoeurement. L’exposition devient une autopsie féroce de l’humanité… tantôt banquet de fête… tantôt banquet funéraire. A la manière d’une vanité, d’une nature morte, ce qui prévaut au final pour le visiteur est une formidable sensation de vie…

Anna Remuzon

Vidéo d’entretien avec l’artiste
https://www.youtube.com/watch?v=wbpD9_oVm_s

https://www.instagram.com/baptiste_roux93/

http://www.baptisteroux.com/


Baptiste Roux, Apocalypse & Calypso. Jusqu’au 8 octobre 2023, Aponia Le Monastier sur Gazeille

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.