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Maxim Kantor. Merry Cathedral



Une œuvre contemporaine majeure donnée à l’église Saint-Merry en 2015. Présentation de l’œuvre et de sa portée.

L’église Saint-Merry a reçu en donation un tableau de Maxim Kantor, artiste international, qui est exposé dans la chapelle de communion [1] . Cette œuvre a été réalisé pour Saint-Merry, du fait de l’attachement de l’artiste à ce lieu et à la Communauté Halles Beaubourg qui l’anime. Elle a d’abord été acquise par Guerman Ainbinder et sa famille, un collectionneur très sensible aux messages de l’artiste, et qui l’a offert à l’église Saint-Merry.
Le sujet est une cathédrale entourée d’une foule en procession, une vaste communauté de croyants, un peuple avançant vers la joie. La cathédrale aux formes chancelantes de Maxim Kantor est le symbole de l’Église universelle, mais aussi de l’Europe d’aujourd’hui, qui s’est couverte naguère de cathédrales souvent colorées.

Cette vision magnifie Saint-Merry par un jeu de mot sur Merry, la traduction du titre anglais étant « Cathédrale joyeuse ». Si le style expressionniste de Maxim Kantor est reconnaissable et puise à des œuvres antérieures, le tableau innove formellement et symboliquement.

Une œuvre à découvrir

La rosace

La cathédrale est centrée sur sa rosace aux couleurs vives qui peuvent évoquer celles de l’architecture du Centre Pompidou tout proche. La rosace symbolise le cosmos, le temps de Dieu. Au centre, une croix rouge ; dans les pétales, des symboles bibliques : l’agneau, la colombe, la vigne et de multiples cœurs, car c’est l’amour qui est premier. Le bleu intense du fond est celui du ciel.
Vus de l’extérieur, les vitraux des églises apparaissent toujours gris, mais, à l’intérieur, la lumière blanche qui les traverse exprime la venue du divin illuminant de façon colorée les sanctuaires. Dans Merry Cathedral, il se produit une inversion : l’Église éclaire le monde extérieur.

La colombe de la paix

Un des premiers symboles chrétiens, le signe de la Parole de Dieu sur le Christ à son baptême, l’Esprit dans la représentation trinitaire, la colombe est devenue le symbole universel de la paix. Le tableau de Maxim Kantor vise à l’universalité.

Les gargouilles médiévales

Les gargouilles grimaçantes évoquent toutes les cathédrales et probablement celles très connues de Notre-Dame de Paris, ainsi que celles de Saint-Merry. Son plan a d’ailleurs les mêmes proportions et elle a été appelée sa fille. Œuvres de l’imagination des sculpteurs du Moyen Âge, ces figures entrent en résonance avec le style expressionniste de Maxim Kantor qui leur attribue en outre la symbolique du mal et de l’oppression politique.

La Vierge et l’enfant

La Vierge et l’enfant, sous les traits de la femme et du fils de l’artiste, sont en tête de l’humanité en marche. Pour en souligner l’importance, l’artiste les a peints, les autres figures étant seulement dessinées.

Crucifixion

Deux représentations du Christ, l’une est une mise en croix, l’autre la mise au tombeau dans le dénuement. Un homme, fils de Dieu, qui s’est donné totalement. La crucifixion est un thème souvent repris par l’artiste, sensible à la question de la souffrance humaine. Ces représentations font référence à un autre puissant tableau de l’artiste rarement exposé, une crucifixion jaune.

La foule et les portails

L’humanité vivante en marche a pris la place des saints et prophètes sculptés sur les façades des cathédrales. Ce monde fait d’éclopés, de vieux, de jeunes, d’émigrés portant des balluchons revit les épisodes de l’Évangile : la fuite en Égypte, la rencontre de Marie et d’Élisabeth, la décapitation de Jean Baptiste, la mort de la fille de Jaïre, etc. Le mouvement des corps évoque le tympan sculpté de la cathédrale d’Autun. Les hommes qui lisent sont des figures fréquentes dans les œuvres du peintre : son père, lui, ses amis, ceux qui méditent. La lecture et la peinture sont chez Maxim Kantor des moyens de résistance aux oppressions politiques, des voies d’accès à l’humanisme et au spirituel.

La visitation

La visite de Marie enceinte à sa cousine Élisabeth, dans l’Évangile de Luc, est ici traitée selon les codes rappelant ceux des artistes de la Renaissance : elles s’embrassent. Dessinées comme les autres femmes du tableau, elles appartiennent à l’humanité contemporaine et font confiance à la parole de Dieu.

Cette toile est riche de multiples détails qui témoignent de la méditation et de la foi d’un artiste croyant, dont on trouve désormais de nombreuses œuvres dans le monde (musées, édifices publics, particuliers).

Maxim Kantor et Saint-Merry

À l’origine de Merry Cathedral : une expérience vécue par le peintre. Non pas l’émotion devant un paysage ou un événement marquant, mais l’accueil fait à deux de ses expositions, en 2011 et 2012, à Saint-Merry. Maxim Kantor s’est immédiatement trouvé bien dans ce lieu.
Saint-Merry, située au centre de Paris, face au Centre Pompidou, est de style gothique tardif, même si elle a été construite à la Renaissance et remaniée dans les siècles suivants.
Cette église pleine d’œuvres diverses ¬¬—dont certaines remarquables des XVIIe-XIXe siècles — est habitée par une communauté de fidèles venant de loin pour assister aux offices. Laïcs et prêtres prennent les décisions en coresponsabilité, expérimentant ainsi un modèle différent d’Église. Ils y expriment leur foi commune, tout en s’engageant dans divers domaines : la pastorale, la réflexion théologique, la solidarité sociale, les nombreux débats de société ou d’Église, la culture. Comme chez l’artiste, la spiritualité qui s’y vit de multiples manières est associée au sens de l’accueil, à la stigmatisation des errements d’un monde globalisé violent, à la présence aux côtés des exclus ou de ceux qui résistent et veulent faire émerger un monde autre.

Saint-Merry est aussi connue comme lieu d’innovation dans les champs de la musique et des arts visuels, un lieu où des artistes souvent inconnus et choisis pour la force de leurs œuvres trouvent un espace d’exposition temporaire et de dialogue avec la communauté.
En 2012, Maxim Kantor a souhaité faire un tableau pour cette église. Après avoir demandé un argumentaire sur le saint, il a réalisé trois tableaux qui ne lui ont pas donné satisfaction. De saint Merry, qui vécut au VIIIe ou au IXe, siècle, on ne connaît presque rien, si ce n’est que son tombeau fut rapidement un lieu de pèlerinage, facteur d’enrichissement pour les chanoines, ce dont l’architecture de l’église témoigne.

Aussi, l’artiste a adopté un nouveau parti et, de l’argumentaire initial, Maxim Kantor a retenu peu de choses, sauf les plus fondamentales : une foi intense, un esprit, une utopie en marche, une visée d’Église, un enracinement dans la culture, une résistance aux oppressions [2].

L’œuvre (2,40x2,25m) a été achevée dans son atelier de l’île de Ré, en août 2014. Elle a été donnée par la famille Ainbinder -Myron, Taisiya, Irina et Guerman-en novembre 2015.

Jean Deuzèmes

Retrouvez les œuvres de Maxim Kantor :


[1L’œuvre a été présentée au public le jour de l’installation par l’évêque du nouveau curé, Daniel Duigou, le 15 novembre 2015.

[2Maxim Kantor est né en Russie et est un opposant au régime actuel. Pour protester contre l’invasion de l’Ukraine, il a renvoyé son passeport. L’Allemagne lui a donné, peu de temps après, la citoyenneté allemande.

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